Retrouvez dans ce dossier une interview de Ben Kowalewicz et Aaron Solowoniuk réalisées par Julien Benatar quelques jours avant leur concert au Trabendo de Paris en février 2009 :

Mercredi 27 Mai 2009, Billy Talent est de passage en France pour une journée promotionnelle avant leur très attendu concert au Trabendo. A cette occasion, Ben et Aaron acceptent de répondre aux nombreuses questions qui persistent depuis leur dernier concert français deux ans auparavant. C’est dans le hall de leur bel hôtel que le jeu des questions/réponses débute, dans une ambiance toujours aussi décontractée.

Julien : Comment se déroule cette semaine en Europe afin d’assurer la promotion de Billy Talent III ?

Ben (chant) : C’est bien, vraiment super ! Beaucoup de voyages, nous avons été très occupés. Ouais, c’est excellent.

Vous faites alors cette tournée plus d’un mois avant la sortie du nouvel album. Comment ressentez-vous le fait de jouer de nouvelles chansons devant des fans ne les ayant jamais entendus ?

Aaron (batterie) : Je suis très impatient. Ça va être sympa, nous allons jouer Rusted From The Rain pour la première fois dimanche à Paris. Nous en avons déjà joué d’autres comme Devil On My Shoulder. Tout va très bien se passer.

Comment vivez-vous les réactions des fans qui découvrent ces chansons ?

Aaron : C’est difficile à dire car ils ne les avaient jamais entendu avant. Cette fois, le single passe à la radio et le clip est sur notre site.
Ben : Ouais, on verra bien. Nous n’avons pas envie de jouer trop de notre nouvel album lorsque les personnes ne le connaissent pas parce qu’ils n’en auraient rien à faire. Nous devons juste en jouer assez et pas trop.

Pensez-vous garder cette sorte d’agressivité sur scène ?

Aaron : Toujours.
Ben : On fait de notre mieux !

Turn Your Back est disponible depuis septembre. Comment est venue l’idée de cette chanson ?

Ben : Cette chanson…(hésitant) Nous travaillions dessus et au niveau des paroles cela prenait une tournure très environnementale, ainsi que sur la responsabilité sociale. Le fait de réaliser les conséquences de nos propres actions. Si nous, en tant que personnes, ne commençons pas à faire quelques changements assez importants, nous aurons d’assez gros problèmes dans le futur. Donc oui, cette chanson a pris une très bonne tournure, nous en sommes très fiers.

Justin et Chris #2 d’Anti Flag y sont invités. Vous semblez assez proches de ce groupe.

Ben : Oui, on est plutôt proches d’eux, ce sont des amis, des camarades (rires). On les voit sur la route et on apprécie toujours leur compagnie. C’est un groupe génial, nous les avons invités à tourner avec nous au Canada ce qui était génial. On leur a juste proposé de chanter sur cette chanson, nous voulions sortir cette chanson en tant que démo, pour voir ce que les gens pourraient en penser. Nous avons donc décidé de faire don de toutes les ventes à la Croix Rouge puis nous l’avons réenregistrée seuls pour l’album. C’était fun, une bonne expérience.

Anti Flag est connu pour être un groupe très engagé politiquement, qu’en pensez-vous ?

Ben : Nous sommes définitivement un groupe avec une conscience politique et nous essayons de nous informer autant que nous pouvons à propos de la politique autour du monde et de notre pays le Canada. Je pense que c’est une partie de nous mais ce n’est pas notre particularité principale. Mais nous faisons attention à ce qu’il se passe, nous avons nos avis et écrivons quelques chansons à propos de politique. Nous essayons de garder cela très “ouvert”, comme ça nous pouvons tous discuter de plusieurs possibilités et pas seulement une.
Aaron : En étant dans un groupe tu peux justement dire aux fans d’aller voter parce que quand tu es jeunes tu as pleins d’autres choses en tête et tu ne te rends pas nécessairement compte de l’importance du vote. C’est donc une bonne chose d’être dans un groupe pour pousser les kids à cela.

Avez vous ressenti une certaine pression lors de la conception de ce troisième album après deux albums salués par la critique ?

Aaron : Je pense que nous étions trop occupés à faire en sorte d’écrire de bonnes chansons pour avoir une pression comme penser au passé. Nous ne pensions qu’au futur et aux chansons et à les enregistrer aussi bien que nous pouvions. Nous étions donc bien trop occupés pour être sous pression.

Rusted From The Rain est le premier single de cet album, est-ce votre idée ?

Ben : Yeah, on adore cette chanson, nous pensons qu’elle est géniale. Nous avons sorti des chansons assez “heavy” pour notre premier album, puis Devil On a Midnight Mass pour le second. Nous voulions essayer pour cet album de nous lancer un défi et sortir cette chanson qui est un petit peu différente, plus lente et un petit peu plus groovie. Nous sommes très contents de voir qu’elle semble être appréciée. Devil on My Shoulder sera notre second single.

III est votre premier album produit sans l’aide de Gavin Brown. Pourquoi le choix de Brendan O Brien ?

Aaron puis Ben : Parce que c’est le meilleur.
Aaron : On nous a proposé de travailler avec la personne de notre choix et nous avons juste dit “Brendan O Brien”. Il a accepté et c’était vraiment génial de recevoir cet email où il a dit qu’il voulait travailler avec nous. Il est vraiment le meilleur.

Il a travaillé avec des groupes comme Rage Against The Machine ou les Red Hot Chili Peppers…

Aaron : Tous nos groupes préférés !
Ben : C’est un homme assez génial.

Quelle est la place du producteur lors de la conception d’un album ?

Aaron : C’est le cinquième membre du groupe, il s’est vraiment impliqué dans chaque chanson. Il nous a aidé à créer les structures des chansons, à capter ce son très live en studio. Lorsque nous jouions la basse, la batterie et les guitares nous étions tous dans la même salle. Nous n’avions jamais fait ça avant. Nous pouvons vraiment entendre la différence sur cet album. C’est vraiment cool.

Ian semble avoir une place encore plus importante au niveau des voix. Avez vous une façon particulière de travailler vos chansons ?

Ben : Ian est définitivement celui qui écrit le plus, il amène la majorité des chansons “sur table” et nous faisons chacun nos parties. Nous sommes clairement un groupe mais Ian est le leader musical. C’est un homme très talentueux.

Concernant les paroles travaillez-vous ensemble ?

Ben : Ian et moi travaillons ensemble sur les paroles.

Est-ce que Henry Fong a travaillé sur le nouvel artwork ?

Aaron : Il a fait un dessin dessus. Nous avons essayé pour cette fois de tout changer avec une société qui fait des designs vraiment cool.

Avez-vous gardé l’idée d’une image pour représenter une chanson comme pour II ?

Aaron : C’est un petit peu similaire, c’est plus une démonstration de ce qu’il se passe dans chaque chanson. Ce n’est pas aussi intense que Henry Fong mais comme je l’ai dit c’est différent.

Billy Talent, puis Billy Talent II, puis Billy Talent III. Est-ce un hommage à Led Zeppelin ?

Ben : Non. Nous n’y avons pas tellement pensé. Tout le monde pense que nous y portons une grande attention mais nous n’y avons pas vraiment pensé. Nous pensons que la musique parle d’elle-même et c’est notre troisième album, nous avons 33 ans, cela donne du sens !

Au Canada vous êtes l’un des groupes les plus populaires et les gros médias vous supportent beaucoup. En France les médias pourraient penser que vous êtes trop “punk” dans votre son pour passer à la télé par exemple. Arrivez-vous à comprendre cela ?

Ben : Oui, nous respectons chaque pays ainsi que les façons dont il travaille. Si nous ne rentrons pas dans leurs “normes” nous ne pouvons pas faire grand chose par rapport à cela. Tout ce que nous savons est que chaque fois que nous venons à Paris nous jouons de super concerts et les fans sont géniaux ici.

Aaron : Cela pourrait être une bonne raison du fait que notre premier single est celui-ci, il peut plaire à un public plus large. Nous montrons une autre partie de nous comme ça ils pourront entrer dans notre folie.

L’album a été retardé de plus d’un mois, y a-t-il une raison particulière à cela ?

Ben : Au final plusieurs pays voulaient le sortir à des dates différentes et c’est la seule pour laquelle nous avons réussi à tous nous arranger. C’est aussi simple que cela.

Vous jouez à Rock Am Ring dans quelques jours, la dernière fois que je vous avez rencontré vous m’aviez confié que c’était votre plus gros concert jusqu’à présent. Comment attendez-vous ce nouveau passage ?

Aaron : Cela va être un petit peu différent cette fois car nous allons jouer à 21h, la dernière fois nous avions joué à 17h et cela nous a vraiment époustouflé. Nous sommes tous en train de nous rendre compte que nous allons jouer à 21h ce qui va être tellement mieux. Je n’arrive plus à attendre.

Ce nouvel album semble plus diversifié que les deux précédents, passant de riffs plus rock’n roll à d’autres plus hardcore ou définitivement plus lents.

Aaron : C’est plus une sorte de Grunge-Rock ce qui est ce avec quoi nous avons grandi et commencé à jouer en tant que groupe. C’est comme lorsque At The Drive In est sorti et nous avons vu comment il était possible d’être agressif. C’était une grande influence. Le fait de travailler avec Brendan O Brien a juste validé le fait que nous pouvions enregistrer ces chansons plus groove et rock.

Une sorte de Back to basics ? (retour aux sources)

Aaron : Ouais, c’est juste ce qu’il s’est passé, nous n’en avons vraiment pas parlé, cela a juste évolué de cette façon.

Tu as organisé l’évènement “Cut The Drummer” avec notamment le batteur de Goldfinger, peux-tu en parler ?

Aaron : C’était un art-show avec 15 différents portraits de 15 batteurs puis nous sommes venus tous les deux et avons eu une sorte d’exhibition de batterie. C’était très bon, nous avons gagné 22 000 $ pour des bourses grâce à F.U.MS qui a été créé il y a environs 3 ans.

Est-ce que F.U.MS se porte bien ?

Aaron : Je vais très bien, j’y prends du plaisir.

Lorsque je vous parle de la France, à quoi cela vous fait-il penser ?

Ben : Mon Dieu, Paris est c’est une si belle ville. C’est génial, je l’adore. Je ne sais pas, c’est…
Aaron : …différent !
Ben : La culture et l’histoire sont tellement géniales tout comme l’architecture et les femmes.
Aaron : Tout, c’est tellement différent de tous les autres endroits du monde, c’est cool.

Connaissez-vous quelques groupes français ?

Ben : Phoenix.

Tous les groupes étrangers ne parlent que d’eux en ce moment ! C’est une bonne chose, as-tu écouté leur dernier album ?

Ben : Ouais, ma petite amie est une grande fan elle me les a donc fait découvrir.

Qu’est-ce que cela vous fait lorsqu’après les concerts certains fans viennent et crient après un certain Billy ?

Ben (rires) : Hum, ouais c’est une petite situation assez drôle.
Aaron : Cela s’arrête lentement.
Ben : Oui… Je ne sais pas c’est bizarre. C’est très bizarre.
Aaron : Où est Billy ? (rires)
Ben : Qui est ce Billy ? (rires)

Avez-vous quelques nouveaux groupes à nous faire découvrir ?

Ben : J’écoute un groupe qui s’appelle Mother Mother en ce moment, un groupe de Vancouver au Canada. Ils sont assez bizarres et “neerdy”, pop. B52 qui rencontre les Talking Heads, c’est vraiment cool.
Aaron : J’ai beaucoup écouté le nouvel album de Gallows, c’est très bon. Nous les avons justement vu à Londres jeudi dernier et c’était…génial. L’énergie était folle.

Aucun progrès en français depuis la dernière fois ?

Aaron : Oh… Essaye !
Ben : Mon français est très mauvais. J’ai grandi au Québec, j’ai donc grandi en parlant français puis j’ai déménagé autre part où ils ne parlaient pas français. Je n’ai pas pu pratiquer.

Aucun souvenir de “tout le fromage…” ?

Ben : “Tout le fromage dans le croissant” or “dans le cochon” !

Un dernier mot ?

Ben : Ne pas manger de neige jaune.
Aaron : Nous ne sommes pas un hobby nous sommes un style de vie.

Interview réalisée par Julien Benatar pour Billy Talent France
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